Le Journal / Corps

Le langage du corps : l’art du tango à  Bodegas CARO

Un entretien passionnant avec les artistes et chorégraphes Marta Morel et Gonzalo Cano, notre duo exceptionnel de danseurs de tango.

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À Bodegas CARO, dans la province de Mendoza, nous organisons régulièrement des soirées « Tango y Vino » mettant à l’honneur la plus célèbre des danses d’Argentine et la dégustation de nos vins dans notre « nave de turismo ». À Bodegas CARO, nous croyons en l’art du brassage – et le volet culturel ne fait pas exception. Notre passion du vin se marie à merveille avec notre goût prononcé pour les arts, tout particulièrement pour celui, expressif et incarné, du tango.

Nous avons rencontré Marta et Gonzalo il y a cinq ans, alors qu’ils dansaient pour la Fête des Vendanges – une expérience si saisissante que nous les avons invités à se produire à Bodegas CARO. Le duo officie désormais une fois par mois pour des soirées spectacles qui mettent tous les sens en éveil. Nous nous sommes assis avec eux pour évoquer l’art du tango, la culture argentine, le vin, la transmission d’histoires et, bien sûr, le langage du corps.

Pour commencer, comment décririez-vous le tango à une personne qui ignore tout de cette danse ?

Marta : On définit souvent le tango comme « l’art de marcher ». C’est un mode d’expression purement corporel et dynamique, car il faut être entièrement connecté à son partenaire, il faut se comprendre mutuellement sans échanger un seul mot. C’est un art ancestral – unique dans son style, dans sa forme, son intimité et son énergie. Et il y a aussi quelque chose de l’ordre de l’improvisation… Une chose qui se déclenche dans la rencontre entre deux personnes. Même si elles ne se connaissent pas et ne parlent pas la même langue, elles peuvent danser ensemble. Tout passe par le langage du corps.

Gonzalo : Tout à fait. Le tango est une danse passionnée. Elle nécessite de l’énergie, suscite l’émotion et est l’une des danses non-acrobatiques les plus élégantes qui soit – elle peut être improvisée n’importe où dans le monde, avec n’importe qui. Le tango peut donner l’impression d’être solitaire, mais il permet d’embrasser un grand nombre d’expressions et de sensations physiques qu’on ne retrouve, à ma connaissance, dans aucun autre style de danse.

Qu’est-ce qui vous a attiré, dans la danse et dans le tango en particulier ?

Marta : Je danse depuis que j’ai trois ans. J’ai pratiqué différents styles : classique, salsa espagnole, folk et tango. J’ai toujours adoré le tango, et j’ai toujours su que je devais apprendre cette danse si singulière.

Gonzalo : La danse a toujours été présente dans ma vie. Mon père jouait dans un orchestre municipal, on a baigné dans cette culture dès notre plus jeune âge, elle nous a façonnés. Petit à petit, je suis entré dans le monde de la danse – et le tango, en particulier, a retenu mon attention. Au début, sa ressemblance avec des danses folkloriques comme le chamamé m’a intrigué. Puis j’ai été fasciné par son caractère unique – son élégance, son raffinement, sa cadence et le respect qu’il impose. C’est tout cela qui m’a attiré. Regarder des danseurs de tango est devenu une obsession… Les plus grands interprètes étaient mes modèles, je voulais m’élever à la hauteur de leur talent.

Racontez-nous votre première représentation à Bodegas CARO.
Qu’est-ce qui a retenu votre attention ?

Marta : La première fois que j’ai dansé à Bodegas CARO, c’était il y a environ cinq ans. J’étais fascinée – j’ai été séduite par ce domaine viticole à taille humaine, cette équipe charmante et serviable, ce lieu qui donne aux artistes et au public l’impression d’être chez soi. J’ai noué un lien particulier avec cet endroit qui grandit de jour en jour, d’année en année… Je le considère désormais comme ma deuxième maison.

Gonzalo : Pendant un temps, on participait à des circuits viticoles, et on y a rencontré beaucoup de gens appartenant à la communauté du tango. Quand nous sommes arrivés à Bodegas CARO, on nous a traités avec une telle gentillesse, et soutenus dans nos efforts, on a vraiment cru en notre art. C’est incroyable d’être dans un lieu qui vous considère comme un artiste à 100% et qui vous donne carte blanche pour adapter votre spectacle et votre discours aux circonstances. C’est très beau, et très spécial, quand une entreprise soutient la culture et transforme son espace en un lieu dédié à la communauté artistique. Pas seulement pour le tango, mais aussi pour la peinture, la musique et d’autres moyens d’expression tout aussi florissants. C’est extrêmement enrichissant pour la vie culturelle de Mendoza.

Qu’est-ce qui distingue la scène de Bodegas CARO, dans le monde de la danse  ?

Marta : La particularité des spectacles donnés à Bodegas CARO, c’est le lien exceptionnellement fort que nous nouons avec le public. Les spectateurs sont si proches de nous ; il n’y a pas de scène, et très peu de distance avec le public, c’est très intime. Ce genre de connexion permet un contact visuel direct, une sorte de conversation surgit – il y a de l’humour, de la complicité. Tout cela contribue à faire tomber le mur qui sépare habituellement le public de l’artiste. C’est extrêmement agréable – et très rare. Dans un court spectacle, nous explorons l’histoire du tango, en mettant en scène des moments clés, allant du XIXe siècle à nos jours. C’est une chance incroyable, de pouvoir se concentrer sur la danse, de raconter une histoire à travers chaque danse.

Lorsque vous chorégraphiez une nouvelle danse, qu’est-ce qui vous inspire ? Êtes-vous davantage guidés par l’intuition ou par l’observation ?

Marta : Il faut capturer les sentiments suscités par la musique – des mélodies qui attisent la passion, des rythmes qui évoquent le drame, l’exaltation, la puissance ou la tristesse. Tout dépend de ce que la musique éveille en moi. C’est ce que j’essaie d’exprimer à travers ma danse : pas seulement un alignement avec la musique, mais une fusion dans l’harmonie. Quand je crée une chorégraphie, je prends en compte le contexte dans lequel elle sera interprétée – j’adapte toujours mon interprétation, de la même manière que j’invente de nouvelles compositions. 

Gonzalo : L’inspiration vient souvent des choses du quotidien : un livre que vous avez lu, quelque chose que vous avez vu et que vous pensez pouvoir transmettre à travers la danse. Ce besoin de transmettre, c’est le propre de la danse. Un chorégraphe ne travaille pas avec le souci de plaire à autrui, il cherche à se faire plaisir à travers ce qu’il crée. Au fil du temps, les méthodes évoluent, de nouvelles techniques voient le jour. Ce qui, autrefois, aurait été exprimé par un jeté ou un saut acrobatique, peut désormais être retranscrit en un moment narratif plus fluide.

Quel est votre endroit préféré à Bodegas CARO, et pourquoi ?

Marta : Mon endroit préféré, sans surprise, est celui où le spectacle a lieu, juste à côté du joli bar…  Il y a une ambiance magique dans cette Bodega et elle possède une acoustique tout simplement incroyable.

Gonzalo : Je suis d’accord – l’endroit où nous dansons est mon favori. Je trouve ce lieu magnifique à cause de tout ce qui s’y passe. Il est habité d’une forme de magie toute particulière. Mais le Hall des Arts où ont lieu les expositions, et la Cave au sous-sol, sont des lieux tout aussi enchanteurs. Ils vous donnent des frissons de plaisir. Sommes-nous envoûtés ? À moins que ce ne soit le vin [rires].

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